Les essentiels France

Un hold-up silencieux depuis 2008…

Qui détient la dette de la France ? Analyse complète et chiffrée

Alors que la dette publique française dépasse désormais les 3 350 milliards d’euros, il est crucial de comprendre qui détient réellement cette dette. Car derrière ces chiffres, c’est une question de souveraineté nationale, de dépendance aux marchés financiers, et surtout de pouvoir. Voici un éclairage fondé sur les données les plus récentes (Banque de France, Agence France Trésor, 2023).
📊 Répartition générale des détenteurs de la dette française

1. Investisseurs étrangers : 53,2 %

Plus de la moitié de la dette française est détenue par des investisseurs non-résidents, c’est-à-dire hors de nos frontières.

  • 23 % sont situés dans la zone euro
  • 30 % sont établis hors zone euro (États-Unis, Royaume-Uni, Japon, etc.)

➡️ Cela signifie que chaque décision budgétaire prise par l’État français est observée, évaluée et potentiellement influencée par des acteurs financiers étrangers, qui détiennent notre dette comme un produit d’investissement.

2. Banque de France : 25 %

Via les programmes d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE), la Banque de France détient un quart de la dette française.

➡️ Ce mécanisme a servi à soutenir les économies européennes depuis la crise de 2008, puis renforcé pendant la pandémie. Mais il reste un outil lié à la BCE, dont la gouvernance n’est ni démocratique, ni française, ce qui interroge sur notre marge de manœuvre réelle.

3. Compagnies d’assurances françaises : 12,2 %

Les assurances (comme AXA, CNP, MAIF, MAAF, Groupama…) investissent une partie des cotisations qu’elles perçoivent dans des obligations d’État françaises.

➡️ Elles sont des investisseurs de long terme, ce qui peut stabiliser les marchés. Mais elles restent des acteurs privés, donc soumises à des logiques de rendement.

4. Établissements de crédit français : 7,1 %

Les banques françaises détiennent une part modérée de la dette, notamment via leurs services de gestion de portefeuille ou d’intermédiation.

➡️ Le lien entre l’endettement public et le secteur bancaire reste étroit, ce qui renforce la vulnérabilité systémique en cas de crise financière.

5. OPCVM et autres agents économiques : 1,6 % et 27,8 %
  • Les OPCVM (fonds communs de placement) investissent pour le compte d’épargnants.
  • Les autres agents économiques français incluent entreprises, caisses de retraite, particuliers fortunés, fondations, etc.

➡️ Cette catégorie reflète l’investissement indirect de certains citoyens, mais reste minoritaire et peu démocratisée.

🧠 Qui sont les principaux créanciers de la France ?

Une grande partie de la dette est détenue par des gestionnaires d’actifs, compagnies d’assurances, fonds de pension et banques privées, parmi lesquels on retrouve :

🇫🇷 Français

  • AXA Investment Managers
  • Amundi
  • BNP Paribas Asset Management
  • CNP Assurances
  • Groupama
  • Natixis
  • La Banque Postale AM
  • MACSF, MAIF, MAAF, MMA, Matmut, Covéa…

🌍 Étrangers

  • BlackRock (États-Unis)
  • Vanguard (États-Unis)
  • UBS (Suisse)
  • DWS (Allemagne)
  • Legal & General (Royaume-Uni)
  • Kokusai (Japon)

➡️ Ces entités gèrent des centaines de milliards, souvent à l’échelle mondiale. Elles achètent de la dette française comme elles le feraient pour n’importe quel autre actif financier.

➡️ Ce système confère aux marchés une influence directe sur la politique budgétaire nationale, ce qui pose des problèmes majeurs de souveraineté démocratique.

💼 Le rôle clé des SVT : Spécialistes en Valeurs du Trésor

Les SVT sont agréés par l’État pour acheter en premier les obligations françaises, lors des émissions de dette.

Parmi eux :

  • Banques françaises : BNP Paribas, Natixis, Société Générale, Crédit Agricole
  • Banques américaines : JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Morgan Stanley…
  • Banques britanniques : HSBC, Barclays
  • Banques allemandes : Deutsche Bank, Commerzbank
  • Banque japonaise : Nomura

➡️ Ces institutions ont un accès privilégié aux titres de la dette publique et jouent un rôle central dans leur diffusion sur les marchés secondaires.
Mais elles ne sont pas tenues d’investir sur le long terme. Leur objectif est le profit à court terme.

Les établissements français renfloués ou fortement soutenus en 2008

BNP Paribas

  • A reçu des garanties d’État via la Société de Prise de Participation de l’État (SPPE), notamment pour sécuriser ses émissions obligataires.

Société Générale

  • Bénéficie de recapitalisations indirectes et de garanties publiques ; sa survie a été facilitée notamment après l’affaire Kerviel.

Crédit Agricole

  • A reçu des prêts publics garantis via le programme de soutien bancaire de l’État français.

Natixis

  • Filiale des groupes BPCE, elle a été sévèrement fragilisée pendant la crise et renflouée via la Caisse d’Épargne et la Banque Populaire, elles-mêmes soutenues par l’État.
Établissements étrangers renfloués en 2008 et toujours actifs comme SVT ou investisseurs de la dette française

🇺🇸 États-Unis

  • JPMorgan Chase :
    A absorbé Bear Stearns avec l’appui du Trésor américain. A reçu 25 milliards de dollars via le programme TARP.
  • Citigroup :
    Un des plus gros sauvetages : plus de 45 milliards de dollars en capital et 300 milliards de garanties.
  • Bank of America / Merrill Lynch :
    Sauvetage conjoint avec Merrill Lynch, avec plus de 45 milliards de dollars injectés, plus garanties massives.
  • Goldman Sachs :
    Convertie en banque commerciale pour bénéficier du programme TARP (10 milliards de dollars reçus).

🇬🇧 Royaume-Uni

  • Royal Bank of Scotland (RBS) :
    Sauvetage majeur par l’État britannique, qui en a nationalisé 84 % à l’époque.
    (Aujourd’hui NatWest Markets)
  • HSBC :
    Moins touchée mais a bénéficié de facilités de liquidité massives via la Banque d’Angleterre.

🇩🇪 Allemagne

  • Deutsche Bank :
    A profité indirectement de soutiens publics massifs au travers de garanties sur ses contreparties (notamment AIG via les USA).
  • Commerzbank :
    A reçu plus de 18 milliards d’euros de l’État allemand, avec nationalisation partielle à la clé.

🇨🇭 Suisse

  • UBS :
    A bénéficié d’un soutien public massif (plus de 60 milliards de dollars de garanties) via la Banque Nationale Suisse.
  • Credit Suisse :
    Soutien indirect et refinancement massif de ses contreparties. A été récemment fusionnée avec UBS en 2023 après de nouveaux troubles.
💶 Montants injectés par l’État français en 2008

1. Recapitalisation directe : 10,5 milliards d’euros

L’État a injecté 10,5 milliards d’euros dans six grandes banques françaises sous forme de titres subordonnés, sans entrer dans leur capital. La répartition était la suivante :

Crédit Agricole : 3 milliards d’euros

  • BNP Paribas : 2,55 milliards d’euros
  • Société Générale : 1,7 milliard d’euros
  • Crédit Mutuel : 1,2 milliard d’euros
  • Caisse d’Épargne : 1,1 milliard d’euros
  • Banque Populaire : 950 millions d’euros

Ces fonds visaient à renforcer les fonds propres des banques pour soutenir le financement de l’économie.
ladepeche.fr

2. Garantie des financements : jusqu’à 320 milliards d’euros

L’État a créé la Société de Financement de l’Économie Française (SFEF) pour garantir les emprunts des banques sur les marchés, à hauteur de 320 milliards d’euros. Cette mesure visait à restaurer la confiance interbancaire et à assurer la liquidité du système financier.

3. Enveloppe de recapitalisation supplémentaire : 40 milliards d’euros

Une enveloppe de 40 milliards d’euros a été prévue pour d’éventuelles recapitalisations supplémentaires des banques en difficulté. Cette somme s’ajoutait aux 10,5 milliards d’euros déjà injectés.

4. Soutien spécifique à Dexia : 6,4 milliards d’euros

La banque franco-belge Dexia a reçu un soutien spécifique de 6,4 milliards d’euros, partagé entre la France, la Belgique et le Luxembourg, pour éviter sa faillite.

Avant 2008 : un système déjà capté par la finance
Les grandes banques, françaises et internationales, étaient déjà des créancières de l’État, bénéficiant de la dette publique comme d’un placement sûr, garanti par les impôts des citoyens. Elles jouaient un rôle clé dans le financement des États, tout en menant des activités spéculatives à haut risque.
2008 : crise causée par la finance… payée par le public

La crise financière mondiale n’est pas née d’un excès de dépenses publiques, mais d’un effondrement de produits financiers privés (subprimes, CDS, titrisations).
Et pourtant, ce sont les États — donc les contribuables — qui ont dû renflouer les banques.

En France, plus de 40 milliards d’euros ont été mobilisés ou engagés pour sécuriser les bilans de ces institutions.

Post-2008 : les mêmes banques redeviennent créancières

Plutôt que de remettre en question leur modèle, ces banques ont profité des plans de relance et des politiques monétaires (BCE) pour reprendre leur rôle de créancières dominantes.
Elles détiennent désormais une part significative de la dette française, avec des revenus réguliers versés par l’État sous forme d’intérêts.

Le résultat : double peine pour les citoyens
  • Sauvetage des banques avec de l’argent public
  • Paiement continu des intérêts de la dette à ces mêmes banques
  • Austérité budgétaire imposée ensuite aux citoyens (réduction des services publics, gel des salaires, etc.)
  • Et dans certains cas : hausse d’impôts indirects, comme la TVA, ou réductions des dépenses sociales
En conclusion : oui, c’est une spoliation systémique.
On peut objectivement parler d’un système organisé de capture des ressources publiques par des intérêts privés, renforcé par des choix politiques complices ou passifs. Ce hold-up moderne ne se fait pas avec des armes, mais avec des taux, des adjudications et des traités. Il est légal, mais moralement illégitime. Et il n’est jamais débattu démocratiquement.
👤 Qui gouvernait en 2008 ?

Pendant la crise financière de 2008, les décisions majeures ont été prises sous la responsabilité du gouvernement Sarkozy-Fillon :

  • Président de la République : Nicolas Sarkozy (UMP)
  • Premier ministre : François Fillon (UMP)

Membres clés du gouvernement en charge de l’économie et des finances :

  • Christine Lagarde : Ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi
  • Éric Woerth : Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique
  • François Baroin : Ministre du Budget en 2010, mais porte-parole du gouvernement en 2007

➡️ C’est ce gouvernement qui a piloté le renflouement massif des banques, mis en place la SFEF (garantie des financements bancaires) et engagé les fonds publics sans véritable consultation citoyenne.

✊ Quelle alternative avec Nous, Les Essentiels – France ?

Nous proposons de :

  • Réorienter une partie de la dette vers un Fonds Souverain Citoyen : détenu par les Français eux-mêmes, pour financer la transition écologique, développer des infrastructures durables et reprendre la main sur notre souveraineté.
  • Conditionner les futures émissions de dette à un circuit local et public (via les caisses de dépôt régionales ou des structures mutualisées).
  • Rendre publique l’identité des principaux créanciers et leurs conflits d’intérêts, notamment en lien avec des cabinets de conseil ou des institutions non élues.
  • Rouvrir le débat sur la dette illégitime (créée pour renflouer des banques ou financer des gaspillages), et sur une possible révision démocratique des intérêts versés.
Parce que ton avis est essentiel

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