Je possède donc je suis : quand le vide intérieur nourrit la consommation
Est-ce vraiment un hasard si, en France comme ailleurs, on a l’impression que nos perspectives d’avenir nous sont volées ?
Est-ce un hasard si le sentiment d’exclusion sociale s’intensifie, si les réseaux sociaux prennent une telle place qu’ils deviennent parfois la seule manière de se sentir appartenir à quelque chose ?
Quand on n’a plus confiance dans l’avenir, quand on se sent mis de côté, on se réfugie dans ce qu’on peut : consommer, défiler sur les écrans, chercher un semblant de reconnaissance. Mais ce vide, cette frustration permanente, ça finit par exploser. Voilà pourquoi chaque jour, chaque année, on voit se multiplier les drames : violence, solitude, suicides, désespoir.
Et si ce n’était pas un hasard, mais le résultat d’un système qui préfère des citoyens consommateurs à des citoyens confiants, créatifs et unis ?
Il est devenu urgent d’y croire à nouveau, de retisser du lien avec l’autre et de reprendre confiance en nous, essentiels.
On n’achète pas seulement un objet, on achète une image de soi…
On n’achète pas seulement un objet, on achète une image de soi…
Est-ce vraiment un hasard si, en France comme ailleurs, on a l’impression que nos perspectives d’avenir nous sont volées ?
Est-ce un hasard si le sentiment d’exclusion sociale s’intensifie, si les réseaux sociaux prennent une telle place qu’ils deviennent parfois la seule manière de se sentir appartenir à quelque chose ?
Quand on n’a plus confiance dans l’avenir, quand on se sent mis de côté, on se réfugie dans ce qu’on peut : consommer, défiler sur les écrans, chercher un semblant de reconnaissance. Mais ce vide, cette frustration permanente, ça finit par exploser. Voilà pourquoi chaque jour, chaque année, on voit se multiplier les drames : violence, solitude, suicides, désespoir.
Et si ce n’était pas un hasard, mais le résultat d’un système qui préfère des citoyens consommateurs à des citoyens confiants, créatifs et unis ?
Il est devenu urgent d’y croire à nouveau, de retisser du lien avec l’autre et de reprendre confiance en nous, essentiels.
En quelques lignes
1. Un constat troublant
En France, comme dans de nombreux pays dits développés, le sentiment d’avenir volé grandit. Selon un sondage Ipsos (2024), près de 70 % des jeunes Français estiment qu’ils vivront moins bien que leurs parents. À cela s’ajoute une réalité : chômage des jeunes, précarité, prix de l’immobilier hors de portée, services publics en recul. Résultat : une impression diffuse que l’avenir ne nous appartient plus.
Face à cette absence de perspectives, beaucoup se replient dans la consommation. Acheter, posséder, montrer devient une manière de se sentir vivant, reconnu, « quelqu’un » aux yeux des autres.
2. Être ou avoir : un basculement de société
Le philosophe Erich Fromm, dès les années 70, avait déjà analysé cette dérive dans To Have or to Be?. Il expliquait que dans nos sociétés, l’avoir a remplacé l’être : ce que nous possédons définit ce que nous valons.
- Pas d’enfant ? On compense avec la dernière voiture.
- Pas de sécurité financière ? On affiche son smartphone dernier cri.
- Pas de reconnaissance sociale ? On collectionne les « likes » sur les réseaux.
C’est le basculement de « Je pense donc je suis » (Descartes) à « Je possède donc je suis ».
3. Pourquoi ce mécanisme ?
La psychologie sociale l’explique assez simplement : quand nos besoins fondamentaux (sécurité, appartenance, reconnaissance) ne sont pas satisfaits, nous cherchons des substituts. Dans une société ultra-marchande, ces substituts passent par l’achat.
Un vide affectif → consommation émotionnelle (nourriture, divertissement, objets).
Un vide social → consommation statutaire (mode, luxe, apparence).
Un vide d’avenir → consommation compulsive (plaisir immédiat, sans projection).
Les marques et les réseaux sociaux exploitent ce vide. Elles créent le besoin, mettent en scène le bonheur lié à l’achat, entretiennent la comparaison permanente.
4. Les conséquences sociales
Ce mécanisme a plusieurs effets :
- Endettement croissant : en 2024, le surendettement des ménages touchait encore près de 120 000 foyers en France (Banque de France).
- Explosion des troubles psychiques : l’OMS alerte sur l’augmentation des cas de dépression liés à la solitude et au manque de perspectives.
- Isolement renforcé : plus on se réfugie derrière l’écran ou dans l’objet, plus on perd le lien humain réel.
Paradoxalement, les réseaux sociaux, censés rapprocher, deviennent une vitrine où l’on se compare, où l’on affiche ce que l’on a plutôt que ce que l’on est.
5. Est-ce vraiment un hasard ?
La question mérite d’être posée : est-ce un hasard si ce sentiment d’exclusion est si répandu ? Ou bien est-ce la conséquence d’un système qui préfère des citoyens consommateurs, dépendants et isolés, plutôt que des citoyens confiants, créatifs et unis ?
Car un peuple qui doute de lui-même, qui compense son mal-être par des achats ou des écrans, est un peuple qui n’imagine plus changer le système.
6. Une alternative possible
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut réapprendre à valoriser ce qui ne s’achète pas :
- Les liens humains et familiaux
- La transmission et les projets collectifs
- L’éducation et la culture
- Le temps, la nature, le partage
Cela demande aussi une prise de conscience individuelle et collective : refuser que notre valeur soit réduite à ce que nous possédons.
En conclusion
Nos perspectives d’avenir nous ont été en grande partie confisquées, le sentiment d’exclusion s’est accentué, et les réseaux sociaux exploitent nos manques. Les drames quotidiens ne sont pas le fruit du hasard : ils sont les symptômes d’une société qui nous pousse à « avoir » plutôt qu’à « être ».
Il est devenu urgent d’y croire à nouveau, de retisser du lien avec l’autre et de reprendre confiance en nous, essentiels.